14 juin 1998 ; Ma naissance est un souvenir lointain ; oublié. Je sais seulement que je pleurais, beaucoup ; comparé à ma frangine. Je m’égosillais à pleins poumons, me faisant entendre alors que j'empêchais ma sœur de dormir. Déjà à ma naissance, je voulais avoir l'intention de tout le monde. Et apparemment, j'avais même du succès auprès des sages-femmes avec mon sourire de tombeur ; ce qui rendait fier mon paternel. Lorsque je n'étais pas occupé à chouiner, je collais Risa ; mon réflexe de poser mon petit bras sur elle, comme si nous étions encore dans le ventre de notre mère, attendrissait celle-ci. Un lien indestructible unissait ma Risa et moi même ; et déjà bébé, je voulais la protéger. 2001 ; Je perdis un repère. L'autorité et l'image masculine d'un père. Même si j'étais à peine âgé de trois ans, cette situation me perturba. Où était passé mon papa ? Lui, qui m'avait déposé à l'école le matin même, avait disparu de ma vie ; complètement. Et ce n'était pas une gouvernante qui le remplacerait. Je piquais des crises, je pleurais ; énormément. J'exprimais mon mécontentement ; envahis par la colère de ne plus avoir de papa. J'étais tout bonnement un enfant coléreux. 2003 ; C'était mon premier jour à l'école primaire. Notre mère n'avait pas pu venir à cause de son travail ; et le souvenir de mon père s'était effacé au fil des mois ; plus aucun souvenir de lui. Une gouvernante s'occupait de nous, nous étions la plupart de notre temps avec elle. Et j'étais tout excité et tout aussi nerveux de pouvoir enfin aller à l'école. J'avais envie de me faire des amis et de rencontrer ma maîtresse ; de voir si elle était gentille. Je courus vers l'établissement, lâchant la main de la gouvernante pour traverser la route. Imprudent ; je n'avais pas vu cette voiture arrivée tandis que je faisais signe à ma petite sœur de me rejoindre. Un bruit sourd, des cris, du sang. Je me fis percuté par ce véhicule. J'ai dût subir plusieurs opérations à mon bras gauche, laissant une importante cicatrice sur celui-ci ; la peau marquée par un mauvais souvenir. Je me souvins encore des propos du médecin : « Dans les mois à venir, votre fils aura des difficultés avec son membre gauche. Il devra faire de la ré-éducation et suivre des indications strictes. Je préfère vous prévenir, je ne peux garantir la guérison totale de son bras. » Des mots qui s’avérait être vrai. Lorsque j'étais à l’hôpital pour faire de la ré-éducation, un garçon un peu plus âgé que moi avait aussi eu un accident. Une de ses jambes avait été endommagé. Je le regardais lutter, essayé de marcher ; et moi, j'avais perdu espoir que mon bras puisse bouger un jour où l'autre. Il est venu vers moi. A l'époque, je ne parlais plus, sauf pour exprimer la rage envers le monde entier. C'était de leur faute si j'étais dans cet état. Ce jeune garçon eu de la patience. Je me suis ouvert à lui ; et au fil des semaines, nous sommes devenu amis. Pendant l'attente, il me lisait ses comics ; les aventures de Batman, de Spider-man, de Thor, du Captain América, d'Iron-Man m'ont aidés à passer le temps dans cette affreuse salle. Il était gentil et attentionné à mon égard. A ma dernière séance, il me donna une de ses bandes-dessinée et nous nous sommes promis de rester en contact. A l'heure d'aujourd'hui, je la garde encore précieusement ; seul lui demeure un bon souvenir de cette période. 2005 ; Une baie vitrée tremblait sous le son à l'intérieur de cette salle remplies de miroirs, mon visage collé contre celle-ci et j'observais ces personnes faire des mouvements plus ou moins rapide. Ils restaient coordonnés avec des gestes vifs et contrôlés. Je les admirais. Je voulais être avec eux, suivre le mouvement. Cependant, le refus de ma mère demeurait définitif : « Tu vas te blesser. » Derrière cette phrase, se cachait simplement un : « Tu ne peux pas à cause de ton bras. » Je n'aimais pas quand elle me refusait quelque chose. J'avais l'impression d'être faible, d'avoir vraiment un handicape. Alors j'ai pris mon courage à deux mains et je suis rentré dans cette salle. Je me suis fait accepté parmi eux et j'ai commencé à danser. Je ne peux dire qu'au début c'était une réussite. Mes mouvements n'étaient guère fluide. La douleur me prenait le bras entier. Seulement, je désirais danser. 2013 ; La rentrée se passa à Londres. Nouvel établissement, nouveaux amis et une ville étrangère s'offraient à nous ; aucune crainte à voir. Je m'étais forgé un caractère et plus rien, ni même mon bras, m'arrêtaient dans la conquête de ma réussite. Je souhaitais accomplir pleins de choses et la danse restait ma priorité. Je m’entraînais d'arrache pied, même si la douleur me rendait visite. A chaque pas, chaque gestes, je m'enfonçais dans mon monde et oubliais mes soucis. Si je ne me trouvais pas dans une salle de danse, j'avais un crayon à la main ; dessinant la plupart de mon temps ma propre sœur. Que ce soit dans son sommeil, avec une de ses amies, je la suivais un peu partout ; devenant un vrai monstre avec les jeunes hommes qui l'approchaient de trop près. Est ce le syndrome du « Sister complex » ? Les trois années passaient. Et pendant ce temps là, un lien en particulier me troubla. J'observais cet ami, différemment des autres. Même si je passais de filles en filles, je n'arrivais pas à me le sortir de la tête. Étranges sentiments ; que j'exprimais lorsque je mouvais mon corps au son de la musique. 2016 ; Notre mère est devenue directrice. Et nous avons quitté Londres pour revenir au source. Nous entrons enfin à l'université ; et je vais pouvoir me consacrer à temps pleins à la danse. Je n'oublie pas mon bras, ni même le dessin. Je sais pertinemment que j'ai encore quelque soucis avec celui-ci mais je vais réussir et atteindre mon rêve. Quoiqu'il advienne, je n'échouerai pas.