Chère Maman,

Tu te souviens du jour où je suis née, du jour où Satoru est né ? Cette nuit-là à l'hôpital, on espère que tu n'as pas eu mal, que tu étais heureuse. Tu ne nous as jamais raconté notre naissance, on ne te l'a jamais demandé en fait. Satoru et moi, on devait pleurer ensemble, deux jumeaux à gérer, ça n'a pas dû être facile. Lui devait pleurer plus que moi, parce que lui pleure plus souvent que moi même s'il ne l'avoue pas, mais tu sais, moi je l'aime mon frère, même s'il pleurait plus que moi. Maman, je ne te remercierais jamais assez d'être née avec Satoru, je sais que tu ne l'avais pas prévu, mais sans lui je ne serais rien. Maman, tu te rappelle du premier jour où tu as dû nous laissez à l'école, ce premier jour, je m'en rappellerais, il y avait papa avec toi, puis le soir, il n'était plus là. Satoru et moi n'avons jamais su pourquoi il était partit, Satoru était triste, il pleurait encore, moi je pleurais aussi, mais nous n'avions même pas trois ans. Le temps a créé l'oubli. Maman, tu te souviens de notre premier Noël dans notre première maison que tu as achetée toute seule, qu'est-ce que j'étais contente de recevoir ma poupée et des habits. C'est Satoru et moi qui avions décoré le sapin, il était magnifique, mais avec du recul, les couleurs ne s'accordaient pas ensemble.
Maman tu te souviens notre premier jour à l'école primaire, tu n'avais pas pu être là à cause de ton travail, je sais que tu travaillais beaucoup pour nous, mais tu gagnais beaucoup donc tu nous offrais beaucoup également. La gouvernante nous avais amené à l'école ce jour là et je me souviens de cette voiture complètement folle qui avait foncé sur nous, pourquoi tu n'étais pas là maman ? J'avais juste fermée les yeux et vu Satoru qui pleurait plus que d'habitude, la gouvernante, elle, pleurait aussi au téléphone, elle appelait les secours, tu sais, ils nous ont emmené à l'hôpital et ont emmené Satoru parce que la voiture avait écrasé son bras. L'infirmière était très gentille avec moi, elle m'avait emmené de quoi dessiner et j'ai dessiné, toi, moi et Satoru à la plage, mais je voulais voir Satoru avant tout, parce que j'ai eu peur et tu n'étais pas là. Après plusieurs heures je pouvais aller le voir, il ne pleurait pas, il dormait, je suis rentrée et tu es rentrée la minute d'après. Son bras était tout plâtré, tu sais ce que je me disais à ce moment-là, je me disais qu'il avait du souffrir mais qu'il était sain et sauf grâce à l'hôpital, et à partir de ce jour, j'ai eu mon premier rêve, sauver des vies. Je devais avoir 5 ans à peine révolu. C'est bête mais Satoru aurait pu mourir et s'il mourait, je mourais avec lui, on est inséparable.
Et la vie continua ainsi, Satoru sortit de l'hôpital avec un bras fragilisé, on jouait ensemble comme d'habitude mais il ne pouvait plus grimper au cerisier dans le jardin, il ne pouvait plus grimper à l'échelle, mais j'étais heureuse qu'il vive. On a loupé notre premier jour d'école. Tout se passa normalement, l'école primaire et le collège. Puis tu nous as parlé de ta mutation en Europe, et nous t'avons suivi dans la capitale britannique, à Londres, où nous avons passé notre lycée, j'étais dans un lycée pour fille et Satoru dans un lycée pour garçon à cause du prestige et sûrement de notre argent. Les sciences ont l'avantage d'être universelles, c'était facile pour moi. Ma période lycéenne n'est pas la plus exemplaire qui soit, j'avais très peu de copines car même si mon anglais était impeccable, je passais tout mon temps à travailler, à en faire trop comme dirait certains, j'ai toujours été première de la classe, étant dans un lycée pour fille, je n'ai pas eu d'amoureux, aucun garçon dans ma vie, et c'est ainsi. Je n'en avais pas particulièrement besoin. En vacances, on partait un peu partout, ces trois années-là, Autriche, France, Allemagne, Italie... Nous avons visité pas mal de pays ensemble. A la fin du lycée, tu es devenue la directrice générale de l'entreprise ce qui nous permettait de revenir à Tokyo. C'était le début de la réalisation de mon rêve, tu nous as inscrit à l'université Takahashi Daigaku, une prestigieuse université qu'on pouvait se permettre largement. Maman, tu es toujours là, on a peut-être grandi sans père, mais on a grandi ensemble, avec tout ton amour et toute ta patience. Je t'aime maman et je réaliserais mes rêves, grâce à toi.

Risa.